Depuis quelque temps, nous avions envisagé avec mes compagnons de vol habituels de l'ACRT, d'aller se faire une petite ballade dans les montagnes, avec comme terrains de destination : Barcelonnette (LFMR) et Mont-Dauphin - St Crépin (LFNC). Mais, comme beaucoup de pilotes depuis un certain temps, la météo nous a souvent clouée au sol et nous avions déjà reporté cette expédition à plusieurs reprises.
Une nouvelle date avait été fixée au samedi 9 février, avec le grand espoir que la météo nous serait plus clémente. Notre GO, Pythagora (pour les intimes), avait eu l'excellente idée de convier à notre périple d'autres pilotes du club, afin que nous fassions une mini sortie club. Mini sortie club, car il n'y avait que deux avions alors que les sorties club se font avec l'ensemble de la flotte, de trois avions! Pour moi qui suis très attaché au partage de ces moments magiques, notamment lors de ma participation au "groupe voyage" de mon autre club, participation que j'ai dû arrêter à grands regrets. Bref!
Nous accompagnait pour ce périple : le Président du club, Bernard, le Chef pilote du club, Yves, et un Administrateur du Club, Frédéric. Que du beau linge! En tout cas, une équipe fort sympathique.
Chacun d'entre nous a dû suivre avec attention la météo de ces derniers jours qui nous a souvent blanchi nos terres lyonnaises et nous avions quelques doutes sur notre départ ou un éventuel report.
En tous cas, ce n'est pas la météo de ce vendredi soir qui nous a rassuré avec les 4cm de neige tombés entre 20h et 23h.
Mais Pythagora cachait bien son jeu. Tout était organisé à la perfection, comme toujours. Il avait dû faire des incantations à toutes les muses de la météo, car c'est finalement par un temps tout à fait acceptable que nous sommes partis de Bron avant de trouver un ciel sans nuage à notre arrivée sur les montagnes. Merci Pythagora de me transmettre les adresses de tes muses ;-).
Nous nous retrouvons donc sur le terrain à 9h30. Les voies d'accès de l'aérodrome ne sont pas encore déneigées de ce qui est tombé dans la nuit. Les parkings sont immaculées de blanc et nous y faisons les premières traces de pas, avant les premières traces de roues.
Le Bronx sous la neige:
Un des avions, le DR400-160, est garé au chaud dans le hangar. Il n'y aura que le Rallye qu'il faudra déneiger et dégivrer. Chacun se chauffe un peu pour aider soit à gratter l'avion, soit à aller faire le plein de l'autre avion. Un petit vent bien frais nous rappelle que nous sommes en hiver et qu'il ne faudra pas traîner sur la tarmac.
El Commandante à la soute : Faut tout faire, ici!
La météo est sortie de l'ordinateur, tout comme les NOTAM. Aucun souci pour notre vol, il faudra néanmoins faire attention à du parachutage vers Barcelonnette.
Les équipages s'installent dans leurs machines respectives. Le Rallye sera amené sur Barcelonnette par Bernard, avec Frédéric en Copi et Pythagora en sac de sable. Pour le DR-400, nous sommes pilotés par El Commanadante, avec Yves en place droite et moi dans la soute. Nous sommes les premiers à nous mettre en mouvement, autorisés par "Chirac" à la tour. C'est un contrôleur très sympa (obligé avec le prénom qu'il porte) qui a l'habitude de nous enregistrer l'ATIS avec la voix de Jacquo. C'est excellent. Pourvu que l'administration n'envisage pas de nous mettre des ATIS automatiques!!!
Décollage en 34, virage à droite, direction les axes de St-Ex avant de partir plus au sud. Quelques nuages sur la route et notre "Commandante" demande à monter au FL075 pour éviter tout ça.
Arrivée sur St-Ex :
Nous allons être le jambon du sandwich!
La charmante contrôleuse nous autorise ce qui nous permet d'avoir un magnifique vol "on top" au-dessus du Sud-Est Lyonnais et de Grenoble.
Nous avons une magnifique vue sur les Alpes, et Yves qui connaît parfaitement la région, nous gratifie d'une visite guidée extraordinaire. Merci Yves.
C'est une fois arrivés sur le relief que les nuages disparaissent.
Le lac de Serre-Ponçon:
Il fait tellement chaud dans l'avion que nous givrons à l'intérieur!
Arrivée dans le vallée de Barcelonnette:
Nous arrivons vers le lac de Serre-Ponçon, qui sera l'entrée de la vallée pour rejoindre Barcelonnette. Nous voyons le terrain de Gap-Tallard au loin. La vallée est étroite, et c'est assez impressionnant de flirter avec l'aile droite sur les montagnes, car il nous faut toujours envisager un éventuel demi-tour.
Barcelonnette (LFMR)
Intégration standard par El Commandante, avec un magnifique kiss-landing. Même dans la soute, je n'ai rien senti... C'est pour dire! Arrivés sur le parking, un magnifique Pilatus doré est posé en plein milieu. Nous slalomons entre la pompe, le Pilatus et quelques blocs de neige pour rejoindre le parking verglacé, alors que la piste était en excellent état.
Nos montures au parking...
La trace de El Commandante
Direction le bar pour un café et une escale technique, puis nous nous remettons en ordre de marche pour rejoindre notre destination gastronomique : Mont-Dauphin - St Crespin. Les équipages se composent de la façon suivante pour cette branche : dans le Rallye : Pythagora aux commandes, Yves en Instructeur et Frédéric en place arrière. Dans le DR, j'aurai le plaisir d'être aux commandes, avec notre Président en Copi et El Commandante sur la banquette arrière. Et oui, malgré ses galons, ils sait rester humble, ce garçon.
Pour cette branche, j'avais envisagé de retourner sur le lac de Serre-Ponçon pour rejoindre St-Crespin, mais je me suis (très facilement) laissé convaincre de passer par le relief, et notamment le col de Vars, pour rejoindre notre destination. Le décollage se fait en 27. Il me faut donc faire un 180 par la gauche pour rester dans la vallée. Avec ce froid, le taux de montée de notre 160hp est tout à fait correct malgré la charge emportée. Il faudrait faire quand même un petit régime, El Commandante! ;-)
Le virage est un peu serré et nous passons le travers de la ville tout en montant. Le ciel est encombré de quelques parachutistes qu'il serait judicieux d'éviter. Le paysage est magnifique. Je suis tellement absorbé par tout ça que je dois quand même faire attention à ma vitesse. Nous arrivons au-dessus de la station de Vars où quelques skieurs sont en hors-piste. La montagne a revêtu son magnifique manteau blanc.
Passé le col, il s'agit de descendre sans tarder car il nous faut perdre 5 000ft sur moins de 7NM. Je ne me lasse pas de ces paysages. Nous voyons au loin la piste qui va nous accueillir. Un beau ruban noir dans une étendue blanche. Là, c'est plus facile à repérer qu'un champs d'aviation vert au milieu de champs verts. Qu'en pensez-vous, les élèves pilotes, ne serait-ce pas une bonne idée que d'avoir les terrains aussi visibles lors des tests PPL?
Ne connaissant pas du tout le terrain, je fais une intégration standard complète, avec reconnaissance puis intégration en vent arrière, ce qui oblige mon ami Pythagora à faire un 360 de retardement. C'est bon ça, pour ton lâcher Rallye! Je me présente un peu haut, mais arrive à faire un joli kiss-landing qui semble avoir plus à mes PAX. La piste est en excellent état, sans aucune trace de neige ou de verglas.
Je fais rapidement un demi-tour sur la piste pour récupérer le taxiway et libérer la piste afin que Pythagora ne soit pas obligé de faire une remise de gaz.
Trace GPS Barcelonnette - Mont-Dauphin
Fermeture des avions et il nous reste quelques centaines de mètres à parcourir avant notre auberge retenue par notre GO : Le Gaulois à St-Crespin. Nous ne savons pas encore que ces quelques mètres nous seront salutaires... après le repas, que dis-je, le banquet "Gaulois", et c'est un doux euphémisme! A part les sangliers, tout y était!
Si vous passez par la région, je vous recommande cette table. Par contre, prévoir sieste, impérativement après! Le repas a été excellent, et bien que nous n'ayons pas attaqué la cervoise, cause vol, nous ne pouvons que remercier nos estomacs pour leur sollicitude!
Pour la suite de notre expédition, nous prendrons comme call-sign "Gargantua air-line", c'est tout à fait de circonstance! C'est ici que le Rallye quitte l'escadrille pour rejoindre Bron, alors que nous nous dirigeons vers Chambéry-Challes (LFLE) avec Pythagora aux commandes, El Commandante en position "sieste" à l'arrière, et moi-même en mode digestion en place droite. Belle petite nav qui nous fait passer par Briançon, puis la vallée de la Tarentaise avant notre arrivée par la Maurienne.
Les nuages sont de retour, et nous devons monter, monter, monter pour pouvoir slalomer dans ce paysage magique. Ce sera une première pour moi, atteindre pratiquement le FL130, juste quelques secondes à cause du risque d'anoxie, car nous n'avons pas d'oxygène à bord. Tout ça pour passer un nuage avant de redescendre dans la vallée où une belle trouée nous attend.
Pythagora maîtrise tout ça de main de Maître. Il partage avec nous ces options et décisions. Nous validons ces choix. Nous voici maintenant en Maurienne et nous approchons de Challes où il fera une intégration standard.
Belle luminosité...
Là aussi, la piste est très facile à découvrir : belle bande noire au milieu des étendues blanches. Nous intégrons la vent arrière main gauche quand un planeur ULM s'annonce sur la vent arrière main droite, son circuit normal. Super cool le mec : il annonce qu'il n'a pas de moteur et qu'il va se poser sur la 32, faisant fi que nous soyons déjà en finale. Pythagora prend la bonne décision de remettre les gaz.
Trace Mont-Dauphin - Chambéry-Challes
Après un plein de bonne 100LL, il est temps de terminer notre périple avec un retour sur le Bronx. Je prendra les commandes pour ce vol, avec El Commandante en Copi. Pythagora démarre sa digestion en place arrière. Nous prenons les METAR de Chambéry et de Lyon car cela semble un peu chargé, question nuages. Sur Bron, ils annoncent une visi de 9999, des FEW à 1 900ft et du SCT à 3 300ft. Pas de souci pour rentrer, nous resterons à 2 000ft après avoir passé le relief au-dessus d'Aiguebelette, où le plafond est à 5 500ft.
Après décollage, il faut contacter sans tarder la tour de Chambéry pour un transit SE-SW dans la CTR, ce qui nous est refusé pour cause d'une arrivée en 18 par un IFR sur le terrain. Nous passerons donc au Sud sans pénétrer, mais il nous faut monter. Je passe donc avec l'approche, et en sortant de la TMA, je contacte l'approche de St-Ex pour le transit au-dessus des axes.
Après quelques minutes, l'approche nous demande de contacter la tour de St-Ex qui doit nous donner des infos météo concernant notre arrivée sur Bron. Le contrôleur nous informe d'un plancher à 1 200ft et d'une visi à 2 500m. Il nous demande nos intentions : continuation ou déroutement. Je propose à mes PAX un déroutement météo sur St-Ex si ça ne passe pas, ce qu'ils trouvent être une excellente idée. Puis après réflexion, est-ce que la taxe nous sera minorée dans ce cas-là, puisque nous pouvons nous dérouter sur Morestel. La raison et notre porte-monnaie nous enjoignent de dérouter sur Morestel. Il est plus sage de se dérouter et de réfléchir au sol qu'en vol avec une météo peu accueillante.
J'annonce donc mon déroutement, nous sortons la VAC de Morestel (LFHI) et je prépare mon arrivée avec l'aide de mon Copi. C'est confortable la pilotage à deux! Le terrain est dégagé et non contaminé par la neige, la piste répond à nos performances, nous pouvons y aller. Un DR400 local fait des tours de piste, nous nous intégrons derrière lui en début de vent arrière après une verticale terrain.
Challes - Morestel
Arrêt moteur au parking, sortie des météo sur nos I-Trucs respectifs pour confirmer les infos de St-EX. Et là, grande surprise : les METAR automatiques nous donnent les mêmes paramètres que ceux que nous avions au départ de Challes. Je vais les chercher sur un autre site, pour confirmation, et c'est la même chose. Incroyable! Les METAR ne donnent absolument pas la réalité du terrain. C'est bien d'avoir enlevé les météorologues des terrains, mais si c'est pour mettre des machines donnant des conneries, faudra pas s'étonner d'avoir des accidents. C'est bon, je me calme!
Appel à Bron pour savoir ce qu'il en est : le plafond n'est pas haut, mais on nous donne 1 900ft, légère neige et visi supérieure à 5km, ce qui nous permet de rentrer. Nous prenons donc la décision de remettre en route avant que ça ne se dégrade.
Je re-contacte St-Ex tour pour notre transit qui est approuvé au seuil 36, derrière un avion de British Airways, puis passons avec Bron tour qui nous autorise une intégration en base 34. La visi est acceptable pour rentrer en sécurité.
Trace du vol complet
Ce sera la fin d'un périple passionnant, dans un groupe très agréable, où une fois de plus, le "prévu" et le "réel" auront été différents. Ce sera également pour moi, trois nouveaux terrains à mon tableau de chasse, et une expérience aéronautique toujours en amélioration grâce à mes compagnons de vol.
Merci Messieurs, et à une prochaine, avec le plus grand plaisir.
Chanceux!
RépondreSupprimerJ'aurais bien aimé aussi décoller mes roues du sol... J'ai fait chauffer l'avion 3 minutes avant qu'on me dise que la neige arrivait...
On t'a attendu (on a essayé en tout cas) pour l'arrosage de mon lâché mais du coup ça s'est fait sans toi ni le président! On s'est posé des questions quant à ton retour mais je vois qu'il n'y a pas eu trop de soucis :).
A+
Merci Yoann,
SupprimerEffectivement ça a été un peu chaotique, mais sans trop de souci. En tous cas, un magnifique vol, quand même.
Désolé d'avoir été absent à ton arrosage... on remettra ça ;-)
@+
quel plaisir de lire ton article ! Ca fait toujours un pincement au cœur de revoir des photos de mon Aérodrome d'origine enneigé, ainsi que des alpes lorsque l'on est à 20 000km de la..
RépondreSupprimerMerci Florent.
SupprimerBonne continuation en NZ ;-)
Mise à jour du post avec insertion des traces GPS
RépondreSupprimerEncore un sacré vol Franck !
RépondreSupprimerTiens j'ai vu qu'on pouvait choisir la langue, c'est une option automatique ou tu traduis toi même tes articles?
Par rapport à ce que tu dis, je me souviens de ma première nav vers un terrain en herbe ... en pleine campagne. Je n'ai jamais trouvé le terrain. Ca serait une bonne idée de teindre la pelouse!
Bons vols!
Thomas M
Pilote-pro.com
Merci Thomas.
SupprimerC'est une option proposée par blogspot. Tu as vu toutes les langues proposées!!! Je ne suis pas "multi-lingual" ;-)
Je crois qu'il nous est arrivé à tous de galèrer à trouver un terrain en herbe. L'idées est peut-être à creuser!
bons vols également.
Ca faisait un petit moment que je n'avais pas fait un tour sur ton blog. Toujours aussi magnifique tes articles... Et les photos... Tu as une sacré chance de pouvoir voler dans un contexte environnemental aussi splendide...
RépondreSupprimerUne chose est sur, Lyon sera bien ma première destination réelle avec mon avion IRL xD.
Merci c'est sympa, Quentin.
SupprimerTu sera le bienvenu, mais j'espère que tu passeras avant ;-)
Bons vols.