mercredi 23 janvier 2013

Nouveau vol combiné VFR/IFR

Le temps de ces dernières semaines nous cloue souvent au sol, nous les Petits Pilotes de Loisirs, et la solution pour aller voler est d'avoir la chance de côtoyer de vrais pilotes pros pour faire de l'IFR.

Un certain nombre de pilotes du club ont cette qualification, et quelques-uns ont la gentillesse de proposer de partager ce genre de vols. 

Bien-sûr, le vol en IFR n'est pas forcément possible suivant les conditions de temps pour nos petits avions de club, et il arrive souvent que des vols soient annulés, principalement pour cause de conditions givrantes.

C'est donc avec Son Altesse Albert II que nous projetons de faire un vol où nous nous partagerons les branches, lui en IFR et moi en VFR. La destination prévue est Poitiers (LFBI), terrain que je n'ai encore pas accroché à mon tableau de chasse. Il me propose, pour changer, que je fasse la branche aller et il me ramènera, si je ne suis pas trop pénible, à la maison.

Dans notre grande générosité, nous proposons à celui que l'on surnommera pour l'occasion "le gendre idéal", sobriquet entendu par-ci par-là sur le Bronx, de jouer les sacs de sable pour ce vol. Faut reconnaitre que c'est un sac de sable sympa, et sa compagnie nous est agréable. Il ne dit pas forcément la même chose de l'un de nous deux! (private joke)


La veille au soir de notre périple, les conditions météo annoncées ne sont pas encourageantes du tout, mais alors pas du tout sur l'Ouest. Arrivée d'un front froid, chutes de neige, vent important, enfin tout pour nous faire renoncer à ce vol. Mais il nous en faut plus pour renoncer en sécurité, quand même. Étude des prévisions météo sur le reste de la France, puisque ce n'est pas bon sur l'Ouest, il reste trois autres directions à investiguer.

Je propose Cannes à Albert II. Cannes, je connais déjà, mais ça aurait été l'occasion de faire connaissance avec C510, pilote de Mustang, dont je lis le blog avec délectation (Mustang Pilot Lifestyle). Albert II préfère une autre destination : Nîmes Garons (LFTW). C'est un terrain sur lequel je n'ai encore pas posé mes roues, et je suis partant pour cette nouvelle expérience qui ajoute une épingle sur ma carte des terrains visités.

Le choix du terrain se fait donc dans la nuit. Préparation du vol, tôt le matin. Et oui, nous n'avons pas bureau des Ops qui nous prépare le vol, mais j'aime bien ça. J'ai un peu tendance à préparer mes vols en prenant bien mon temps, et de le faire avec une contrainte de temps court est pour moi un challenge (tout à fait atteignable), ce qui est intéressant.

Tout est reporté sur le Log de Nav : la route, les points tournants, les caps, les distances, les temps, les QDR/QDM des balises de radio-navigation, les altitudes de sécurité, le niveau souhaité, le TOD (Top Of Descent). pendant que je termine tout ça, Albert II me sort les NOTAM et le dossier météo. Pendant ce temps, "le gendre idéal" nous observe et est impressionné par notre maîtrise des éléments, qu'il nous envie. Bientôt, il en sera de même pour lui, il sera bientôt intronisé dans la grande famille des pilotes. Il en est encore au stade des "Presque Pilotes de Loisirs". Mais oui, ça va arriver! ;-)

Le plus facile est fait. Nous nous rendons au hangar d'où il va falloir extraire notre avion bien rangé dans le fond. Grande question : combien d'avions à manipuler avant d'accéder au notre? Finalement, il n'y aura que deux cocottes en papier à sortir pour accéder à notre TB20. Et comme c'est trop facile, il nous faudra le tirer jusqu'à la pompe car nous n'avons pas les réserves nécessaires pour effectuer le  vol retour.

C'est un bon exercice physique quand il fait seulement 4°C. Les pleins complétés, j'effectue ma pré-vol avant de m'installer en place gauche. Nous autorisons notre sac de sable à se mettre sur la banquette arrière, et non dans la soute, afin qu'il profite un peu du vol. Et puis, comme je l'ai dit plus haut, ça compagnie nous est agréable.

Afin de continuer à préparer mon FCL 1.028, je décide de faire la radio en British. C'est un pote qui est à la tour, donc deux solutions : soit je suis à peu prêt performant et ça se passera bien, soit je vais me faire chambrer à chacun de mes passages à la tour. Bon, il n'est pas spécialement moqueur, mais juste ce qu'il faut de taquin! ;-)

La mise en route est effectuée et je passe mon message. Je suis autorisé à rouler jusqu'au point d'arrêt A1. Je ne suis pas autorisé immédiatement à sortir par BR pour cause d'IFR. Ah, ces IFR! En cours de roulage, le contrôleur me demande le niveau souhaité pour la suite du vol avec Lyon approche (FL065) et c'est finalement 3 000ft verticale BR dans un premier temps et ce sera avec Lyon pour plus haut.

Essais moteurs, alignement, décollage direction BR cap 160. Je quitte Bron pour passer avec l'approche de Lyon et je suis autorisé à monter au FL065 après avoir indiqué ma route.

Le Sud et l'Est de Lyon sont encore bien blanc après le passage du froid et de la neige ces derniers jours:

Le reste du vol se passe bien. Nous avons une météo que nous n'imaginions pas. Quelques bancs nuages me font demander 1 000ft supplémentaires, ce qui m'est autorisé bien que ce soit une route inverse normalement.

Nous passons à proximité de la centrale de Montélimar.

Vue depuis le Nord à 6 500ft

Nous passons les gorges de l'Ardèche. J'en profite pour faire un coucou amicale à la famille de JPB.


Nous quittons Lyon pour Clermont info, puis Provence, puis Rhône, puis Montpellier et enfin Nîmes.

Le contrôleur nous propose une longue finale 18 bien que ce soit la 36 en service, mais le vent étant presque nul, cela ne nous gênera pas.

Établis sur une très longue finale, nous sommes autorisés à nous poser. La piste est immense : 2 443 mètres pour 45 mètres de large. La vue est magnifique sur la méditerranée, mais je reste concentré sur ma finale. Nous libérons la piste et sommes attendus par un placeur au parking. Tout comme les grands!

Il y a sur un autre parking un Canadair de la Sécurité Civile, mais nous ne pourrons malheureusement pas approcher :


Il nous explique qu'il nous a placé ici car nous restons pour la nuit! Surprise!!! Ah bon? Il doit y avoir une erreur. Serait-ce une "joke" d'un de mes PAX??? Toujours est-il que l'avion est connu par le bureau de piste. Bon!

Le placeur attend que nous ayons fermé l'avion pour nous conduire dans le terminal et nous indiquer le bureau de piste. Nous nous acquitterons de notre dû au départ, la priorité étant donnée au repas. Nous arrivons dans un restaurant où nous nous attendons à payer un max. Tables recouvertes de nappes en tissu blanc, belle vaisselle... Finalement nous avons déjeuner d'un excellent repas, pour un prix tout à fait raisonnable (merci le "gendre idéal").

Son Altesse commence à s'inquiéter car l'heure de son plan de vol IFR arrive. Il nous reste à payer la taxe, retourner à l'avion et faire la prévol avant de demander la mise en route.

Nous nous rendons au bureau de piste, et découvrons sur le comptoir une affichette déposée par Ryanair, très originale:


Puis nous regagnons enfin notre avion. Son Altesse contacte la tour et nous sommes autorisés à la mise en route et allons effectuer les "tests run" au point d'arrêt.

Nous nous alignons en 18 avec comme clairance : MOLEN 3S, 5 000ft, 4720 au transpondeur.

Nous quittons notre terrain d'accueil :



Notre route retour sera identique à celle aller : passage par MTL, ROLIR, ARBON et BR avant le Bronx. Notre vol se fait au FL090, ce qui nous met un peu dans les nuages et nous permet de faire réviser l'IMC au gendre idéal.

Nous passons le pont du Gard à 9 000 ft:


Nous rentrons sur Bron. Je fais la check-list de mon Cap'tain en anglais... Et oui, il faut le bosser ce 1.028 :


Nos temps de vol sont similaires : 1h17 à l'aller contre 1h20 au retour, et pourtant j'ai perdu beaucoup de temps au Bronx pour laisser partir l'IFR nous précédant et avoir BR en sortie.

Et donc, encore un vol très sympa, avec une équipe tout aussi agréable, une météo que nous n'aurions jamais imaginée, un bon repas. Que du bonheur.

Merci Messieurs pour ce bon moment. Au plaisir de remettre ça!

8 commentaires:

  1. Sympa ce vol !
    J'ai vraiment trop hâte de me mettre à l'IFR !
    D'ailleurs pour mon prochain vol, si la météo et le contrôle sont sympa, je prévois de faire une procédure ILS à LFLX :P

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    1. Merci Fabien.
      Oui c'est sympa quand il fait beau. Mais je reste convaincu que de l'IFR en monopilote par conditions un peu dégradées me semble être quelque chose à ne pas prendre à la légère.

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    2. ça c'est certain !
      La charge de travail est déjà importante quand tu dois gérer une approche aux instruments avec un avionique classique (pas de MCDU ou autres) mais alors en plus tout seul^de mauvais temps .... il a intérêt à avoir préparer le vol à l'avance aux petits oignons ! ^^

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    3. Même en préparant tout bien comme il faut avant le départ, et réviser l'intégration encore avant l'arrivée, on n'est pas à l'abri d'un changement de piste et de circuit. J'en ai fait l'expérience lors de mon vol sur Vatry
      ici : http://autourdesnuages.blogspot.fr/2012/11/je-ne-vous-oublie-pas.html
      Mais c'est vrai que c'est tentant ;-)

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  2. Article très sympa, c'est que c'est cool de faire de l'IFR "comme les grands" ;)
    Par contre petite rectification c'est C510 le Mustang pour Cessna 510 tu as écrit C150, c'est bien aussi mais ça vole moins vite ^^

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    1. Merci, Aurélien.
      Oups! Je corrige immédiatement. J'espère qu'il ne m'en voudra pas trop!!!

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  3. Sympa ces vols IFR/VFR et cette expérience engrangée. C'est clairement quelque chose que j'aimerai bien faire. je vais essayer de me renseigner dans mon club pour voir si certain pilote font de l'IFR.

    Le prince Albert est pilote pro en activité ou en recherche ?

    Thomas M
    Pilote-pro.com

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    1. Oui, Thomas, c'est très enrichissant.
      Malheureusement, il est en recherche.

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