Il s'agissait à l'origine d'un pari à la c...
Un de mes collègues de travail, Rémy, dit "l'inspecteur" ayant monté une section "arts martiaux" dans l'entreprise, plus précisément de "Taï Jitsu", me tannait depuis début septembre pour que je vienne à ses séances d'entraînement. N'étant déjà pas ce que l'on peut appeler "un grand sportif" (en fait c'est le sport que ne m'aime pas), je ne savais plus comment le faire se débarrasser de cette idée saugrenue.
Lors de discussions entre collègues, où je parlais "avion", celui-ci me disait toujours : "monter dans un petit coucou... jamais!". C'est de là que m'est venue l'idée sadique, j'en conviens, de lui proposer le deal suivant : si tu viens faire un tour d'avion, je viendrai sur ton tatami. La réponse a été tout aussi immédiate que claire : JAMAIS!
Le temps a passé quelque peu, puis il est revenu me voir en me disant que ce n'était pas son genre de ne pas relever un défi. Message enregistré. Je suis un traître, car je m'attendais bien à ce qu'il revienne sur ce terrain, et ça m'amusait de le voir revenir. Je sais, c'est bas. Mais on tous nos faiblesses!
Quelque temps plus tard, il revient à nouveau à la charge en me disant "bon, ce serait bien que ce soit toi qui fasse le premier pas" en arguant des arguments aussi fallacieux que rigolos. J'ai laissé passer le reste de la saison et je me suis pointé... à son dernier cours avant les vacances. Rien que le fait de voir, sa tête fut un ravissement! "Merde, tu es venu???? Ah ben, je suis mal!!!".
Il m'annonça qu'il allait donc, lui aussi, s'exécuter, tout en ayant pris au moins trois points de tension artérielle. Très bien, prenons une date avant que l'on oublie... La date fut choisie sur la semaine suivante pour ne pas lui laisser trop de temps à réfléchir. Du coup, deux autres collègues, ont décidé de nous accompagner pour cette escapade qui ne manquerait pas de piquant.
Et c'est comme ça que nous nous sommes retrouvés, en une magnifique soirée de juillet, dans un TB20 pour un vol sur Chambéry-Aix les Bains de jour et un retour de nuit. Ah ben, quant à faire un truc sympa, autant prévoir la totale.
L'équipe de choc!
Tout le monde fût à l'heure au rendez-vous, en dehors de Rémy, qui, soit-disant, se perdit dans un lotissement de Bron, à cause de son GPS. Heureusement que nous avons confiance en lui, sinon, nous aurions eu bien du mal à le croire... Enfin, il arriva et nous sommes allés préparer la machine.
Rémy fait aussi la prévol! Oui, oui, c'est du costaud! Inspecteur Puget...
Rémy le sourire déjà légèrement crispé! avec Xavier et Philippe.
En fait, Rémy est quelqu'un de très expressif. Et pendant que je réalisais la prévol, il continuait à faire le rigolo, tout en prenant, petit à petit, une sourire qui se crispait. Nous étions aux anges. Philippe et Xavier, lui ont bien sûr laissé la place droite pour ce vol aller. Caméra en place pour filmer l'événement, appareils photos chargés à bloc, nous mettons en route pour le départ. Jusque là, tout va bien. Je commence à expliquer le vol, et notamment le passage au-dessus des axes de St-Exupéry. C'est à partir de ce moment que les répliques "cultes" allaient arriver. "Quoi, passer entre les avions qui décollent et ceux qui atterrissent, mais t'es un malade! "...
No comment...
Nous sommes autorisés au décollage, et là, grand silence. Rémy s'est mis en position "mute" hormis un "pfff, oulala!". Décollage en 16, puis virage à gauche... peu apprécié, puis arrivée sur St-Ex où quelques liners sont en arrivée ou en départ. Mes passagers sont impressionnés que l'on puisse passer comme ça au-dessus d'un si gros aéroport.
Au-dessus de St-Ex.
Nous poursuivons notre vol vers Chmabéry, et je propose à Rémy de prendre les commandes. J'ai senti un grand moment de solitude, mais il a accepté. Le machouillage de chewing-gum s'est accéléré. Je lui donne un point à suivre au loin, qui nous conduira à la verticale du lac d'Aiguebelette, nous permettant d'entrer dans la CTR de Chambéry. Il se débrouille très bien. Nous survolons les méandres du Rhône.
Rémy aux commandes...
Arrivée vers SW au-dessus du lac d'Aiguebelette.
Arrivant sur le relief, je lui propose de reprendre les commandes car nous allons nous mettre en configuration atterrissage. Je suis autorisé à une semi-directe 36, et il m'est demandé de rappeler en finale. Je fais mon virage à gauche pour me positionner en finale. "Tu es sûr que tu dois te pencher comme ça???" Oh, oui, sinon, on va se poser à Challes les Eaux!
"Euh, Franck, j'ai été cool sur le tatami"
Pour nous aider, il y a les PAPI. Je demande à Rémy de me donner les couleurs car je ne les vois pas très bien. Il s'inquiète. Puis l'alarme de PA et vitesse faible, sans train sorti, se fait entendre. L'alarme est identifiée. Mais ça ne suffit pas à rassurer mon Copi: "Quoi, alarme identifiée... et tu ne fais rien que de l'identifier???" Ben non, puisque je sais ce que c'est... ;-)
Arrivée sur LFLB
Je fais un kiss des plus doux sur la piste. D'un coup, Rémy reprend des couleurs. Nous dégageons la piste et rejoignons le parking L2 pour stationner. Direction le restaurant situé juste à l'entrée de l'aérodrome, le Dropping zone, dans l'hôtel le Cervolan, où nous avons très bien dîné.
Il commence à se faire tard et nous devons rentrer sur Lyon. Il fait surtout nuit noire, ce qui allait plaire à mes PAX. Nous regagnons notre avion et j'en profite pour les préparer un peu à ce vol hors du commun, où la visibilité sera très réduite par cette nuit sans lune et les risques liés aux montagnes environnantes réellement présents. Nous arrivons sur le terrain et tout est éteint, les bâtiments comme la piste. Et là, les questions les plus audacieuses fusent : "Mais comment va-t-on décoller dans le noir?"
Tout en expliquant qu'il faudra que chacun prenne bien un repère sur le bord de la piste et me signaler très rapidement tout écart, je programme ma radio de secours sur la fréquence d'auto information et déclenche l'illumination de la piste. Ils sont scotchés! C'est vrai que ça a de la gueule, surtout quand on ne s'y attend pas.
Le retour se fait sans encombre avec Xavier comme Copi. Il a déjà fait du "petit coucou" et est très décontracté malgré la nuit noir. J'attends d'avoir passé le relief pour lui laisser les commandes, mais il y a un peu de turbulences vu la chaleur de la journée (plus de 35°C) sur Lyon. Nous repassons au-dessus de St-Ex où l'activité est très calme en ce milieu de nuit. C'est même l'approche qui nous gardera en fréquence pour couper les axes de piste. C'est dire! Toutes les fréquences sont regroupées.
St-Ex de nuit.
Puis je leur demande de m'aider à trouver le terrain de Bron que je n'arrive pas à localiser. Autre phrase culte de l'ami Rémy: "ah, ça, c'est très drôle". Je me positionne en finale. Bron est en auto-information. Après l'atterrissage, nous allons à la pompe refaire le plein de notre engin avant de l'accrocher au parking pour une belle nuit.
Deux bien beaux vols, pour lesquels je me sent obligé de mettre chapeau bas à Rémy pour être venu quand même et prendre vraiment sur lui le fait de monter dans un "petit coucou".
Quant aux deux autres passagers, blasés sans doute, ils s'affairaient à prendre des photos et se pencher pour voir si nous ne perdions pas Rémy.
Un grand moment de rigolade pour certains, de tension pour d'autres, mais un grand moment de camaraderie. Merci Messieurs et bravo Rémy.
Très beau récit!
RépondreSupprimerMais l'histoire ne dit rien sur ton aventure sur le tatami! On reste un peu sur notre faim...
Bons vols!
Merci Benoît.
SupprimerDisons... douloureux!
Mais, en scoop, je risque de m'inscrire à la rentrée.
Excellent!!!!
RépondreSupprimerMerci Michael!
SupprimerChouette moment de partage en effet! J'aime encore plus l'aviation quand il s'agit de la faire découvrir à des novices!!
RépondreSupprimerA+
Merci Erwan.
SupprimerJe suis tout à fait d'accord avec toi. C'est trop bon, ces commentaires émerveillés. Quel plaisir!