Le rendez-vous était pris depuis quelques semaines. Plus les jours passaient, plus la pression montait.
La semaine dernière, nous avions sur Lyon une météo excellente, toute la semaine, même si la visibilité horizontale était parfois limite en l'air. Mais je n'ai jamais autant regardé la météo pour connaître l'évolution sur cette semaine. Et je voyais les dégradations s'annoncer... Il ne fallait pas perdre le moral. J'avais rendez-vous sur 2 jours: le 14 et le 15, et jusqu'au dimanche après-midi, la météo n'était pas donnée pour très bonne.
Dimanche soir, les derniers bulletins donnaient lundi un peu mieux qu'aujourd'hui, mardi. De toute façon, impossible de contacter l'inspecteur ce dimanche. Le choix allait donc se faire en ce lundi matin.
Il est 5h00: lever très tôt pour prendre les premières météos. Les METAR n'étaient pas géniaux et les TAF guère meilleurs, mais ça restait volable.
Il est 6h45: départ pour l'aéroclub et la préparation de l'avion. Il faut que tout soit nickel. J'avais fait le plein la veille, en espérant que la machine ne se payerait pas un vol de nuit.
J'avais deux navigations à préparer:
Lyon-Bron (LFLY) -> St Etienne (LFMH) -> St Yan (LFLN), avec déroutement entre St Etienne et St Yan, et
Lyon-Bron (LFLY)-> Le Puy (LFHP) -> Montélimar (LFLO), avec déroutement entre Le Puy et Montélimar.
Je reprends la météo pour vérifier les possibilités sur les deux parcours. Celui vers le Nord présente un vent de Sud de 15kt et quelques nuages bas, mais ça passe bien. Le trajet Sud est moins accueillant: vent du Sud de 45kt. L'horreur, d'autant qu'il y a du relief. Ça va se transformer en voyage "orangina". Si c'est pour se faire secouer en plus du stress de l'examen, très peu pour moi.
Il est 8h00: j'appelle donc l'inspecteur pour lui proposer très diplomatiquement que nous partions plutôt sur la branche Nord en lui confirmant qu'avec les informations du moment nous pouvons envisager le vol. Mais la météo évolue vite.
Nous confirmons donc notre rendez-vous à 9h30. Le stress monte... qu'est-ce que j'ai pu oublier dans mes révisions?... Comment va se passer la partie de l'examen avant le vol?... Ai-je bien pris tous les documents nécessaires au vol?...
Je me refais un dossier météo que j'étudie à la loupe. Il est 9h00. Je vérifie la sacoche avion: tout est complet, le carnet de route, les documents de l'avion... Tout y est.
Il est 9h15. Je croise d'autres pilotes qui viennent prendre un avion. Ils ont dû me prendre pour un zombie. J'essaie de contenir la pression. Il est 9h25 et l'inspecteur se présente. Trop tard... il n'est plus possible de reculer.
Nous nous installons dans une salle pour le contrôle des papiers, du carnet de vol, pour le briefing, le contrôle de quelques connaissances théoriques.
Petit questionnement sur la météo du trajet, sur des indications de la carte, sur les espaces aériens traversés...
C'est ok, nous pouvons partir après avoir repris une météo. Aie, elle se dégrade, mais je prends la décision de partir: ça passe en sécurité.
Après une visite pré-vol en règle de notre appareil, nous partons sur le point de sortie "SA" à l'altitude recommandée par la nouvelle charte environnementale. Après avoir été lâchés par le contrôle de Bron, j'avais prévu de monter à 3 500 ft. Je l'annonce en amorçant la montée, puis je prends la décision de l'arrêter à cause des nuages à 2 800 ft.
Le problème est pour arriver à attraper l'ATIS de ST Etienne. A cette altitude, impossible de l'avoir. Même radio-Londres émettait mieux en 1940. Nous passons les nuages et j'annonce la reprise de la montée à l'altitude prévue initialement.
Tant bien que mal, je choppe l'ATIS, fais ma verticale de l'AD de ST Chamond et me dirige sur le point "SE" d'entrée de ST Etienne. Je m'annonce au contrôle et suis autorisé à poursuivre. Je me présente une peu haut pour faire la vent arrière sur l'Est. Il faut prendre une décision pour éviter de piquer vers le sol. Allez, hop, un 360 pour arriver à la bonne altitude.
Sur St Etienne, ce sera un "touch and go" puis départ sur St Yan. Comme nous atterrissons en piste 18 (face au Sud), virage à droite et c'est parti pour une route au Nord. Nous passons Feurs: à gauche le terrain d'atterrissage et à droite la ville. L'inspecteur me demande mon prochain point du Log de Nav: c'est le passage de l'autoroute. Il me demande alors de prévoir un déroutement (comme prévu) sur Villefranche-Tarare (LFHV). Ça aurait pu être pire.
Le déroutement n'est pas trop difficile à réaliser avec l'excellente méthode du Paul. Il y a tout dedans ("TRACER" j'en avais déjà parlé). Et c'est parti pour une route à l'Est. Il y a du relief à passer: attention aux turbulences! mais ça passe.
Arrivés à Villefranche-Tarare, ce sera un complet (atterrissage et arrêt au parking). Ouf, j'ai besoin de souffler un peu car je suis quand même un peu tendu, et les passages des deux reliefs n'ont pas été des plus agréables.
Petite pause, donc. Malheureusement le bistrot est fermé. Une bonne bière m'aurait fait du bien! Non, je plaisante, ça aurait plus été un Perrier tranche.
Nous repartons pour les exercices de maniabilité, les décrochages, les pannes moteur... enfin toutes les petites réjouissances qu'il faut mieux faire quand tout va bien. Ce sera aussi l'exercice d'interruption volontaire de vol. Pour celui-ci, merci M. X, mon inspecteur, qui m'avait donné la bonne formule, "AVERDOS". Là aussi, on n'oublie rien.
Après nous être bien amusés à nous secouer dans tous les sens, il m'annonce un retour sur Bron. Enfin! Il est 15h00. Ça fait plus d'2h15 que nous volons et près de 5h00 que je me fais triturer le neurone.
Retour sur Bron, donc, avec une directe 16 autorisée par le contrôle. Merci le contrôle de Bron! (Ils sont sympas nos contrôleurs).
Arrivés à la pompe, M. X me tends la main et me dit "félicitations!".
YES! C'est tout bon! Quel soulagement...
Au bilan, l'estomac un peu secoué, le neurone légèrement malmené mais après 2h27 de vol, une joie non dissimulée, et un brevet en poche.
Maintenant, destination plaisir. Les prochains vols seront pour moi, pour ceux qui voudrons bien voler avec moi, pour ceux qui voudront bien que je les transporte dans cette cocotte en papier. Quoi qu'il arrive, ce ne sera que du bonheur, que du plaisir... et de l'expérience à prendre par brassées.
La semaine dernière, nous avions sur Lyon une météo excellente, toute la semaine, même si la visibilité horizontale était parfois limite en l'air. Mais je n'ai jamais autant regardé la météo pour connaître l'évolution sur cette semaine. Et je voyais les dégradations s'annoncer... Il ne fallait pas perdre le moral. J'avais rendez-vous sur 2 jours: le 14 et le 15, et jusqu'au dimanche après-midi, la météo n'était pas donnée pour très bonne.
Dimanche soir, les derniers bulletins donnaient lundi un peu mieux qu'aujourd'hui, mardi. De toute façon, impossible de contacter l'inspecteur ce dimanche. Le choix allait donc se faire en ce lundi matin.
Il est 5h00: lever très tôt pour prendre les premières météos. Les METAR n'étaient pas géniaux et les TAF guère meilleurs, mais ça restait volable.
Il est 6h45: départ pour l'aéroclub et la préparation de l'avion. Il faut que tout soit nickel. J'avais fait le plein la veille, en espérant que la machine ne se payerait pas un vol de nuit.
J'avais deux navigations à préparer:
Lyon-Bron (LFLY) -> St Etienne (LFMH) -> St Yan (LFLN), avec déroutement entre St Etienne et St Yan, et
Lyon-Bron (LFLY)-> Le Puy (LFHP) -> Montélimar (LFLO), avec déroutement entre Le Puy et Montélimar.
Je reprends la météo pour vérifier les possibilités sur les deux parcours. Celui vers le Nord présente un vent de Sud de 15kt et quelques nuages bas, mais ça passe bien. Le trajet Sud est moins accueillant: vent du Sud de 45kt. L'horreur, d'autant qu'il y a du relief. Ça va se transformer en voyage "orangina". Si c'est pour se faire secouer en plus du stress de l'examen, très peu pour moi.
Il est 8h00: j'appelle donc l'inspecteur pour lui proposer très diplomatiquement que nous partions plutôt sur la branche Nord en lui confirmant qu'avec les informations du moment nous pouvons envisager le vol. Mais la météo évolue vite.
Nous confirmons donc notre rendez-vous à 9h30. Le stress monte... qu'est-ce que j'ai pu oublier dans mes révisions?... Comment va se passer la partie de l'examen avant le vol?... Ai-je bien pris tous les documents nécessaires au vol?...
Je me refais un dossier météo que j'étudie à la loupe. Il est 9h00. Je vérifie la sacoche avion: tout est complet, le carnet de route, les documents de l'avion... Tout y est.
Il est 9h15. Je croise d'autres pilotes qui viennent prendre un avion. Ils ont dû me prendre pour un zombie. J'essaie de contenir la pression. Il est 9h25 et l'inspecteur se présente. Trop tard... il n'est plus possible de reculer.
Nous nous installons dans une salle pour le contrôle des papiers, du carnet de vol, pour le briefing, le contrôle de quelques connaissances théoriques.
Petit questionnement sur la météo du trajet, sur des indications de la carte, sur les espaces aériens traversés...
C'est ok, nous pouvons partir après avoir repris une météo. Aie, elle se dégrade, mais je prends la décision de partir: ça passe en sécurité.
Après une visite pré-vol en règle de notre appareil, nous partons sur le point de sortie "SA" à l'altitude recommandée par la nouvelle charte environnementale. Après avoir été lâchés par le contrôle de Bron, j'avais prévu de monter à 3 500 ft. Je l'annonce en amorçant la montée, puis je prends la décision de l'arrêter à cause des nuages à 2 800 ft.
Le problème est pour arriver à attraper l'ATIS de ST Etienne. A cette altitude, impossible de l'avoir. Même radio-Londres émettait mieux en 1940. Nous passons les nuages et j'annonce la reprise de la montée à l'altitude prévue initialement.
Tant bien que mal, je choppe l'ATIS, fais ma verticale de l'AD de ST Chamond et me dirige sur le point "SE" d'entrée de ST Etienne. Je m'annonce au contrôle et suis autorisé à poursuivre. Je me présente une peu haut pour faire la vent arrière sur l'Est. Il faut prendre une décision pour éviter de piquer vers le sol. Allez, hop, un 360 pour arriver à la bonne altitude.
Sur St Etienne, ce sera un "touch and go" puis départ sur St Yan. Comme nous atterrissons en piste 18 (face au Sud), virage à droite et c'est parti pour une route au Nord. Nous passons Feurs: à gauche le terrain d'atterrissage et à droite la ville. L'inspecteur me demande mon prochain point du Log de Nav: c'est le passage de l'autoroute. Il me demande alors de prévoir un déroutement (comme prévu) sur Villefranche-Tarare (LFHV). Ça aurait pu être pire.
Le déroutement n'est pas trop difficile à réaliser avec l'excellente méthode du Paul. Il y a tout dedans ("TRACER" j'en avais déjà parlé). Et c'est parti pour une route à l'Est. Il y a du relief à passer: attention aux turbulences! mais ça passe.
Arrivés à Villefranche-Tarare, ce sera un complet (atterrissage et arrêt au parking). Ouf, j'ai besoin de souffler un peu car je suis quand même un peu tendu, et les passages des deux reliefs n'ont pas été des plus agréables.
Petite pause, donc. Malheureusement le bistrot est fermé. Une bonne bière m'aurait fait du bien! Non, je plaisante, ça aurait plus été un Perrier tranche.
Nous repartons pour les exercices de maniabilité, les décrochages, les pannes moteur... enfin toutes les petites réjouissances qu'il faut mieux faire quand tout va bien. Ce sera aussi l'exercice d'interruption volontaire de vol. Pour celui-ci, merci M. X, mon inspecteur, qui m'avait donné la bonne formule, "AVERDOS". Là aussi, on n'oublie rien.
Après nous être bien amusés à nous secouer dans tous les sens, il m'annonce un retour sur Bron. Enfin! Il est 15h00. Ça fait plus d'2h15 que nous volons et près de 5h00 que je me fais triturer le neurone.
Retour sur Bron, donc, avec une directe 16 autorisée par le contrôle. Merci le contrôle de Bron! (Ils sont sympas nos contrôleurs).
Arrivés à la pompe, M. X me tends la main et me dit "félicitations!".
YES! C'est tout bon! Quel soulagement...
Au bilan, l'estomac un peu secoué, le neurone légèrement malmené mais après 2h27 de vol, une joie non dissimulée, et un brevet en poche.
Maintenant, destination plaisir. Les prochains vols seront pour moi, pour ceux qui voudrons bien voler avec moi, pour ceux qui voudront bien que je les transporte dans cette cocotte en papier. Quoi qu'il arrive, ce ne sera que du bonheur, que du plaisir... et de l'expérience à prendre par brassées.
Félicitations, à toi les belles nav décontractées maintenant !
RépondreSupprimerFélicitations Franck !
RépondreSupprimerUn breveté de plus au club !
Néry
Merci Néry,
RépondreSupprimerTu devrais être le prochain, non?
Effectivement, je crois bien être le prochain sur la liste.
RépondreSupprimerAlors, je bosse !
Alors tout va bien se passer.
RépondreSupprimerCourage.
Félicitations ! Ca doit être une délivrance de connaitre le verdict après 2 heures aussi intenses.
RépondreSupprimerBonnes futures navs.
Ah, ça oui. Tu as raison, Gabriel.
RépondreSupprimerBonne continuation à toi.
Sympa, si on te donne le déroutement à préparer :x
RépondreSupprimerIl me semblait pourtant qu'on te faisait dérouter sans te communiquer l'aérodrome avant...
Bons vols !
Ce n'est pas le déroutement que tu prépares:
RépondreSupprimerEn fait, 1ère branche, il ne dit rien, il ne fait qu'observer ton vol, ta phraséo, ton intégration sur le premier aérodrome où tu fais généralement un touch and go et tu dois donc donner tes intentions à la radio avec la destination suivante.
C'est au cours de la seconde branche, quand tu es bien stabilisé, qu'il n'annonce le déroutement sur un aérodrome de son choix.
Il faut donc regarder un peu ce qu'il y a autour comme terrains.
Bons vols à toi également.
Ah excuse-moi Franck, j'ai mal lu ton billet, j'avais cru voir les aérodromes de déroutement mais en fait il n'en est rien.
RépondreSupprimerMerci pour ton retour en tout cas.
Tu es tout excusé.
RépondreSupprimerTu es trop bon, ô ami pilote !
RépondreSupprimer;-)
Félicitations !
RépondreSupprimerMaintenant à toi la liberté, après ce long moment de stress.
Très beau récit et surtout bon vols ;)